"Les responsables de l'attentat de Charlie-Hebdo sont de dangereux terroristes islamistes à la solde d'Al Quaïda." Point, à la ligne.
Voilà une jolie sentence qui nous dédouane de tout, et nous donne d'un coup une fabuleuse bonne conscience !
Alors, on se donne rendez-vous sur les réseaux sociaux, on manifeste, on chante la marseillaise, on applaudit les flics, on se prend d'une soudaine envie de défendre la liberté d'expression (enfin, chez nous, les journalistes emprisonnés et les prisonniers politiques de par le monde attendront encore un peu....)......et puis, on lit le Charlie-Hebdo qu'on s'arrache, on trouve que quand même, ils vont un peu loin, et la vie reprend ses droits doucement, « comme avant », le 11 janvier. Permettant juste au gouvernement actuel et à l'opposition de marteler un discours de guerre, et de mettre en place de nouvelles lois liberticides...
Alors, maintenant, on fait quoi ? On se tait, comme avant.... ??
Depuis 30 ans, des gens se sont dressés contre les lois prises au nom de la sûreté générale (caméras de vidéosurveillance, fichage ADN etc) qui ont bouffé nos libertés....Ils ont alertés contre le sort que l'on faisait aux sans-papiers, aux Roms, et qui ne faisait qu'attiser la haine, monter les gens les uns contre les autres, ils ont dénoncés le retour de l'ordre moral, l'importance du fait religieux dans notre société et surtout la lente dédiabolisation du FN, qui est devenue une norme. Comme si ce parti était un parti normal, comme si ses propos n'étaient pas dangereux pour la société, comme si voter pour lui n'était pas commettre un acte raciste....
"Les responsables de l'attentat de Charlie-Hebdo sont de dangereux terroristes islamistes à la solde d'Al Quaïda." Oui, évidemment... Mais nous aussi, nous en sommes responsables ! Nous tous et nous toutes ! Ce n'est pas du masochisme, ni de la contrition. C'est juste un appel à l'éveil des consciences, à savoir quitter l'immédiateté du fait pour retrouver l'analyse réfléchie, à ouvrir les yeux, et à s'interdire de les refermer cette fois-ci.
EL PADRE
